Allocution de Monsieur le Ministre de la Communication, Porte-Parole du Gouvernement et Ministre de la Culture par intérim à l'ouverture de la conférence extraordinaire du Conseil consultatif de l'UNESCO le 28 octobre 2019 à Alger, lue au nom du Ministre par Monsieur Atmani Nourredine Chef de Cabinet au Ministère de la Culture

Monsieur Lazare ELOUNDOU ASSOMO, Directeur, Culture et urgences du Secteur de la culture de l'UNESCO, Secrétaire de la Convention Unesco 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique,


Honorable assistance ;

Je saisis cette belle opportunité qui vous réunit autour d’une thématique importante ; celle de la recherche, de la préservation et de la valorisation du patrimoine culturel subaquatique, pour vous dire l’intérêt que nous accordons à la recherche et à la valorisation du patrimoine culturel.

Centre incontesté de la civilisation humaine, parcours privilégié du négoce et lieu de cristallisations et d’interactions des civilisations successives, le bassin méditerranéen fut le carrefour d’échanges et une passerelle de rapprochement entre les peuples. Sur ses rivages des ports ont été édifiés, des portes ont été ouvertes à l’autre, des embarcations avaient échoué, des villes ont été englouties ou submergées et bien d’autres faits de l’histoire se sont produits.

Il n’y a pas mieux que la recherche archéologique subaquatique pour déterrer cette histoire. L’exploration des rivages, des ports anciens et de toute parcelle du littoral permettrait de renouer avec des éléments méconnus de la mémoire collective, d’écrire notre histoire et en tirer les enseignements qui nous permettraient d’appréhender l’avenir pour que le bassin méditerranéen soit réellement un havre de paix et d’entente entre les peuples.

L’Algérie regorge de biens culturels inestimables qui gisent au fond de l’eau et on recense 27 ports antiques qui n’ont pas encore révélé leurs secrets. Au temps de la régence d’Alger, les navires de guerre étaient souvent engagés dans des batailles maritimes. On peut citer une des batailles les plus connues sur la baie d’Alger et qui a coûté une grande perte à Charles Quint en 1541 car plus de 200 navires sont échoués après une bataille farouche aux portes d’Alger ce qui nous laisse croire que la côte algéroise regorge de vestiges et bien d’autres épaves et objets.

N’oublions pas le nombre important d’échanges commerciaux, depuis la plus haute antiquité, sur tout le bassin méditerranéen. Là encore, la côte algérienne avec toute son étendue et ses ports, ne peuvent que témoigner d’une activité commerciale très intensive. Tous ces évènements, et tellement d’autres qu’on n’a pas cité, nous présagent de la présence d’un potentiel considérable en terme de vestiges archéologiques engloutis sous les eaux.


Mesdames et Messieurs.

La ratification par l’Algérie de la Convention de l’Unesco de 2001 sur la protection du patrimoine subaquatique engage notre pays à l’application de son contenu et dans la connaissance et la préservation de cet héritage culturel de l’Humanité.

L’élection de l’Algérie en 2017 en tant que membre du Conseil Consultatif Scientifique et Technique (STAB) de la convention de 2001, puis l’élection en 2019 de son représentant pour la présidence du dit Conseil à l’unanimité de ses membres lors de la 7ème Conférence des États parties ouvre des perspectives favorables de coopération dans le domaine du subaquatique, que le Ministère de la Culture, à travers le CNRA, a inscrit parmi les activités prioritaires dans ses programmes de recherche.

C’est à ce titre que le Centre National de Recherche en Archéologie (CNRA), s’engage dans un projet fort intéressant ; celui de l’inventaire du patrimoine culturel subaquatique et d'assurer efficacement sa protection, sa préservation et sa mise en valeur.

Un projet est dores déjà inscrit dans le cadre du développement de la recherche en archéologie sous-marine et du littoral ayant pour objectifs notamment :
• L’étude des sites archéologiques partiellement et complètement submergés ;
• Dresser un inventaire patrimonial de tout le potentiel existant sur la côte sous-marine ;
• Une cartographie générale des sites archéologiques côtiers et maritimes ;
• Elargir la connaissance de la constitution des paysages côtiers et littoraux et leur évolution à travers l’histoire .

Le CNRA, a déjà tracé depuis 2017, une feuille de route au profit des chercheurs en archéologie subaquatique et des doctorants d’universités algériennes. Des ateliers de formation en architecture navale, en relevés photogrammétriques en milieu marin et d’archéologie côtière avec Aix-Marseille Université sont organisés cycliquement.

Cette rencontre est l’occasion pour vous de débattre du sujet dans le but de promouvoir la coopération entre les spécialistes et entre les centres de recherches ; bref, de promouvoir une coopération fructueuse qui permettrait aux générations futures de comprendre le passé pour mieux appréhender les défis de l’avenir et ceux de l’espace qui nous rassemble.

Je vous remercie pour votre attention.


Alger, le 28 octobre 2019

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